Paul Bonnet
Trespass
Texte de Graham Lambkin
06.09 – 17.11.2024
Operator, 2024, lime, tempera, marble powder and oil on canvas, 97 x 195 cm
Beachhead, 2024 lime, tempera, marble powder and oil on canvas, 162 x 113,5 cm
Sans titre, 2024, tempera and oil on canvas, 27 x 35 cm
Figures in landscape, 2024, bitumen, charcoal, marble powder, casein and oil on canvas, 65 x 46 cm
Figures in landscape, 2024, bitumen, charcoal, marble powder, casein and oil on canvas, 65 x 46 cm
Slab of fossilized starfish, 2024, oil on canvas, 102 x 204 cm
Là, attendant de trouver sa forme, avec toute la mousse et les pierres autour de toi. Pâle et mince et avançant à tâtons dans les herbes hautes avec pommes pourries et champignons tout près de toi. Dans les rivières de ciment mince, trop fluide pour commencer à prendre, tu tournes à demi sur toi-même et regardes autour de toi. Des formes pâles de serpents sifflants reposent en spirales qui illuminent l’espace derrière toi. Et là, tout à la droite de toi, des cailloux s’éloignaient sans cesse, tournant à demi sur eux-mêmes jusqu’à être réduits en poussière. Les cailloux pâles jaunis de pomme, qui étaient autrefois solides et immobiles, formaient une sorte de sable mou qui était emporté par le vent tout autour de toi. Là, sur des ponts de bois s’étirant au-dessus d’étendues d’eau, des buissons s’ouvraient lentement pour révéler l’ombre de leur ventre, et les visages cachés qu’ils abritaient. Chaux pâle et cerisier en cercles brisés qui jaillissaient comme des éclairs, piégeant les lapins et les voyageurs venus pour être auprès d’eux. Là, arpentant les racines qui se tordent dans le sol, il se tenait, portant une ville et ses habitants désormais devant toi. Pâles et incapables de faire face au soleil, ils baissaient les yeux deux par deux vers la cendre de peau de lapin que le vent balayait autour de toi. Là, dans les cercles encore intacts d’ossements sur le sable, entourés d’arbres et de feuilles et de châtaignes, de pâles parachutistes en combinaison baissent les yeux sur leurs cartes, pour pouvoir atterrir doucement sur le sol autour de toi. Et sur le pont en bois peint, avançant à tâtons sans un bruit dans le clair de lune au-dessus de toi, de pâles coquillages encore intacts qui craquent sous le pied, déchirant la toile des voiles de chaque bateau qui flotte autour de toi. Là, aperçue à travers des fenêtres en pleine mer, la tête partielle de fleurs et de mousse et de mauvaises herbes. Pâle et close pour ne pas recueillir le sable et la poussière et la boue qui tombent sur toi. Tu te tiens là, en présence de la cendre et de la roche calcaire, et tu te tournes pour regarder autour de toi. Pâles et dissimulés au dos de vieilles cartes, ils gravissent le bois et la brique devant toi. Pâles et silencieux et informes ils traversent, largement inaperçus dans le paysage qui pour toujours te contiendra.
(English version) ☞