Tarik Kiswanson
See eye to eye
10.10 – 22.11.2015
Le « corps » de la sculpture chez Tarik Kiswanson ne consiste jamais en un volume plein, en une matière qui serait fermée sur elle-même. Il s’agit au contraire d’une structure, au sens propre du terme, principalement aérienne et immatérielle, où le vide joue un rôle dynamique majeur. Ces surfaces métalliques, façonnées par l’artiste, imposent au regardeur la présence à la fois incertaine et menaçante de leurs contours volontiers coupants, de leurs angles aigus, de leurs pointes effilées et de leurs reflets multiples. Les traces d’oxydation, produites sous l’action de la soudure, prennent ici une dimension d’ordre pictural en ce qu’elles maculent, de toutes les couleurs du spectre, ces surfaces réfléchissantes parce que longuement polies. Ramené à ses lignes de forces, à ses arêtes, un mobilier squelettique est par exemple sciemment dépourvu de son rôle de support ou stockage. Il se voit tantôt posé sur le sol ou accoté au mur, où il côtoie volontiers des masques (voire les formes négatives de ceux-ci) fixés au mur, tels des reliefs évoquant les expérimentations constructivistes de Gabo et Anton Pevsner sur l’art africain. Autre fait notable, ces objets paradoxaux se montrent réactifs à leur environnement, tant sur un plan spatial qu’humain : sensibles à la proximité de leur observateur, elle mettent en jeu la surprenante élasticité du métal. Souvent en équilibre, elles vibrent au moindre contact de la main, au moindre déplacement d’air. Sans compter leur constante résonance politique et culturelle, qui traduit la double origine, scandinave et arabe, de leur auteur, les oeuvres de Tarik Kiswanson semblent démontrer la nécessité d’une réactivité physique de l’oeuvre à la présence d’un spectateur légitimement lassé de l’image-emballage ou du virtuel hoquetant.
Matthieu Poirier
Né en 1986, à Halmsatd, en Suède, Tarik Kiswanson vit et travaille à Paris. Après l’obtention en 2011 d’un B.A. au Central Saint Martins College of Art and Design, Université de Londres, il intègre l’E.N.S.B.A. de Paris ou il obtient un D.N.S.A.P. avec les félicitations du jury en 2014. Depuis 2013, il participe à des expositions collectives telles que Les mains libres à l’espace251 Nord à Liège en 2015, Compositions au Metropolitain Art Society à Beyrouth, Ciel d’Ether à la fondation Browstone à Paris en 2015 et à la 60ème édition du Salon de Montrouge en 2015 et Achievement au Belvédère du Palais des Beaux-Arts de Paris en2014. Son travail a également fait l’objet d’expositions personneIles telle que No Man is an Island à la Galerie 9 de Lille en 2015 ; Embrayeur à l’E.N.S.B.A. de Paris en 2014 ou encore Gently told, Somehow Believed à La Friche Belle de Mai à Marseille en 2014, No Hard Feelings à la Galerie Almine Rech en 2015 . Il a été Lauréat du Prix des Amis des Beaux-Arts / Prix Agnès b. en 2014, Il est représenté par la Galerie Almine Rech.
http://www.paris-art.com/see-eye-to-eye/
https://www.lejournaldesarts.fr/evenement/2015/tarik-kiswanson-see-eye-eye-67675
http://www.aqnb.com/2016/05/05/tarik-kiswanson-see-eye-to-eye-2015-exhibition-photos/