every flower seems to burn by itself
 
Une proposition d’Eloise Sweetman
 
Avec Tanatchai Bandasak, Jason Hendrik Hansma, Marlie Mul, Elif Satanaya Özbay, Maaike Schoorel, Damon Zucconi
 
Vernissage le vendredi 6 décembre à 18h30


Cette exposition est réalisée avec les soutiens du Mondriaan Fonds et l’Ambassade des Pays-Bas à Paris. 


 
 

every flower seems to burn by itself

Une proposition d’Eloise Sweetman

Avec de Tanatchai Bandasak, Jason Hendrik Hansma, Marlie Mul, Elif Satanaya Özbay, Maaike Schoorel, & Damon Zucconi

Les Bains-Douches Alençon

FR (…) « C’était ce moment, entre six et sept heures, où toutes les fleurs — roses, œillets, iris, lilas — s’embrasent dans un éclat de blanc, de violet, de rouge ou d’orange profond. Chaque fleur semble brûler d’elle-même, doucement et purement, dans les parterres brumeux. Elle aimait aussi les papillons de nuit gris-blanc qui tournoyaient au-dessus de l’héliotrope et des primevères du soir.» (Woolf, 1925, p. 13)

Ce passage de Mrs. Dalloway de Virginia Woolf a capté mon attention et marqué mon imaginaire. La golden hour m’a hantée pendant des années. L’image des fleurs brillant « blanc, violet, rouge, orange profond ; chaque fleur semble brûler par elle-même » me fascine, comme si l’intensité du présent s’attardait un peu plus longtemps. À cet instant, nous savons que l’éclat incandescent dans le ciel va sombrer, transformant les pourpres en bleus, puis en noirs et en bleu nuit.

À l’image d’un coucher de soleil, l’exposition Every flower seems to burn by itself suspend momentanément le temps. Chaque œuvre brûle et s’épanouit lentement dans sa propre chaleur, à l’image de la description des fleurs dans le texte de Virginia Woolf : vibrantes, pleines, et persistantes avant de disparaître à nouveau dans les rythmes de la vie quotidienne. En réunissant les œuvres de Maaike Schoorel, Tanatchai Bandasak, Marlie Mul, Jason Hendrik Hansma, Elif Satanaya Özbay et Damon Zucconi, je vise à évoquer la sensation d’un temps qui s’étire, prolongeant votre expérience de spectateur·ices, comme une confiserie qui se transforme en fils délicats et aériens.

En créant une telle expérience, j’espère que vous reviendrez à chaque œuvre avec un regard nouveau, découvrant davantage que ce que vous aviez initialement imaginé. Tout au long de notre vie, la plupart d’entre nous ont entendu l’expression « prenez le temps de sentir les roses » — un cliché, peut-être, mais porteur de vérité. Lorsque nous nous arrêtons et nous éloignons de nos emplois du temps bien réglés, nous sommes souvent surpris de constater que le doux parfum peut nous inviter à regarder de plus près ce qui nous entoure. Prendre — ou sculpter ? — du temps, c’est offrir du temps. En période de crise, alors que les sociétés mondiales affrontent des défis dans tant d’aspects de la vie, la conscience et la réflexion deviennent plus essentielles que jamais.

Every flower seems to burn by itself invite à prendre un moment ou faire une pause, à rester immobile pendant un certain temps. L’exposition est conçue pour évoluer en texture et en lumière à mesure que vous vous déplacez parmi les œuvres. Chaque pièce semble brûler lentement de l’intérieur, dégageant une chaleur intime qui rayonne vers l’extérieur, persistant un instant avant de finalement se dissiper contre votre joue au moment où vous quittez l’exposition.

Par exemple, la peinture minimaliste de Maaike Schoorel, Lily in the Kitchen (2016), apparaît d’abord comme un feu mourant, vacillant sur ses bords extérieurs. Plus vous vous en approchez (encore et encore), l’œuvre se dévoile peu à peu, jusqu’à ce que vous pensiez comprendre ce que vous voyez, avant d’oublier ce que vous croyiez avoir perçu. Travaillant à partir d’images de référence prises lors de voyages ou fournies par d’autres, les peintures de Schoorel semblent déborder de la toile, comme si elles tentaient de rejoindre l’espace où elles sont exposées. On pourrait supposer que des peintures comme les siennes exigent une attention calme et immobile, mais discuter ou simplement passer devant ses œuvres peut suffire à vous transporter dans ces images de référence. Chaque fois que je me suis tenue devant l’un de ses tableaux pour en discuter avec un.e spectateur·ice, il finit toujours par se produire un éclat dans ses yeux — ce moment où iels remarquent quelque chose qu’iels n’avaient pas vu auparavant.

La peinture de Schoorel est présentée aux côtés du lavis textuel Untitled (a flower of extraordinary size) (2021) de Tanatchai Bandasak, qui, de loin, semble n’être qu’une simple tache. Il est facile de passer devant sans le remarquer, ignorant sa présence. Mais pour celles et ceux qui osent s’approcher, l’œuvre se dévoile progressivement : un texte teinté d’une couleur rappelant le vin gâté, piquant, s’effaçant peu à peu. Ce texte décrit la Rafflesia, une plante à fleurs parasitaire originaire d’Asie du Sud-Est. Dépourvue de racines, elle dépend des systèmes d’autres plantes pour survivre. Sa fleur — la seule partie visible — est la plus grande au monde et dégage une odeur de chair en décomposition. La pratique de Bandasak s’inspire du quotidien, utilisant des matériaux trouvés pour créer des œuvres qui offrent au spectateur·ice un moment subtil de basculement où quelque chose de caché se révèle soudainement.

De retour dans l’espace principal de l’exposition, vous rencontrerez l’humidité des Puddles (2014) de Marlie Mul : des flaques de résine, d’asphalte, de plastique et de pierres, évoquant des nappes d’huile ou des flaques de pluie dans un parking désert. Ou, comme je les perçois, une boue sculpturale fondant sous la chaleur interne d’une œuvre, tandis que notre attention était ailleurs. Pour véritablement appréhender Puddles, il faut s’agenouiller ou s’accroupir, observer de plus près et plus longuement. En quittant l’exposition, je m’attends à ce que vous remarquiez les flaques dans la rue, les mégots de cigarettes consumés jusqu’au filtre, et que cette œuvre vous revienne en mémoire. Bien qu’elle semble destinée à s’évaporer,elle continuera probablement de vivre en vous, comme un souvenir fugace, une fumée dispersée dans l’air.

En parcourant les espaces des Bains-Douches, vous pourriez également remarquer d’autres œuvres que je n’ai pas encore décrites. Parmi elles se trouve Something About A Double-Edged Sword (2023) d’Elif Satanaya Özbay. S’inspirant de souvenirs, de la culture populaire et du folklore circassien — en particulier du mythe de la déesse de la guerre, Nart Sane — la performance d’Özbay commence avant même notre arrivée dans l’espace et se poursuit bien après notre départ. Une impression persistante nous suggère que nous devrions comprendre ce qui se joue, tandis que les personnages semblent nous inviter à entrer dans la narration, sollicitant activement notre implication.

En instaurant une sensation de répétition, Özbay nous invite à marquer une pause, à questionner ce que nous venons d’entendre. Sa pratique repose sur la collecte d’objets, de matériaux et de notes, qu’elle orchestre avec soin dans ses mises en scène. En observant attentivement tout en déambulant dans l’espace, vous pourriez discerner des fragments de la performance, en attente d’être réactivés, prêts à reprendre vie dans un prochain cycle.

Alors que l’hiver pince nos oreilles et nous ouvre une porte vers l’extérieur, la voix ralentie de Rihanna emplit la pièce. Au fond, les braises vacillantes de la vidéo In Our Real Life (2021) de Jason Hendrik Hansma scintillent faiblement. En réponse à des événements météorologiques extrêmes, l’artiste a compilé des séquences de tsunamis et d’incendies, documentées par des citoyens et des pompiers volontaires sur les réseaux sociaux. Hypnotique, la vidéo dégage une intensité qui diffère de la transe apaisante d’un feu de nuit. La version ralentie de Close to You (2016) de Rihanna étire le temps et plonge le·la spectateur·ice dans un état modifié, propice à l’imagination.

J’ai associé la vidéo de Hansma à la peinture de Schoorel, imaginant qu’en revenant au début de l’exposition — avec l’expérience d’un temps étiré et l’éclat de la découverte encore présents dans vos yeux — vous pourriez percevoir les autres œuvres sous un jour nouveau. Peut-être les approcheriez-vous d’un peu plus près cette fois, pour y découvrir quelque chose de différent.

Dans la rue, juste au-dessous de l’entrée des Bains-Douches, des portes donnent accès au rez-de-rue, où vous découvrirez My Attraction May Fade, But I Will Not (2020) de Damon Zucconi : une pièce close, baignée de lumière et de brouillard. Décrite comme un « moulage sculptural », cette œuvre tente de se rapprocher autant que possible d’une sculpture du temps, évoquant l’idée que « rien n’est vidé. Au contraire, le parfum de l’encens emplit la pièce et transforme même le temps en espace, lui conférant ainsi une apparence de durée » (Han, 2017, p. 57). My Attraction May Fade, But I Will Not vous attire, vous incitant à coller votre nez à la fenêtre pour tenter d’effacer votre propre reflet. Par moments, vous ne voyez que vous-même et la rue derrière. Mais laissez-lui du temps : le temps révélera tout. Telle est l’expérience offerte par cette œuvre.

REFERENCES :

Han, B.-C. (2017). The Scent of Time. John Wiley & Sons.

Woolf, V. (2009). Mrs Dalloway. Oxford University Press.

BIOGRAPHIES :

TANATCHAI BANDASAK pratique le butinage. Il explore des sites portant des traces archaïques et erre dans des espaces urbains, suburbains et industriels anonymes. Parfois, il recherche des objets inhabituels en ligne. Son butinage, à la fois dans les espaces physiques et numériques, autant intentionnel qu’aléatoire. Dans son processus artistique, les objets qu’il recueille existent dans un état suspendu, pris entre dysfonctionnement, rejet, trace et transition.

Le travail de JASON HENDRIK HANSMA explore l’entre-deux, le liminaire et le presque articulable. S’appuyant sur un large éventail de références et de matériaux, sa pratique traite des normes — architecturales, culturelles et physiques — tout en questionnant comment les œuvres peuvent être créées en dehors des normes standardisées. Une photographie peut prendre des mois à créer, ou une exposition entière peut se dérouler dans des « espaces de transition » tels que des couloirs, des embrasures de portes ou des appuis de fenêtres. Un rideau cousu à la main ralentit le rythme d’une exposition, offrant une coupe douce déplacée par une légère brise extérieure, ou un film se concentre sur le moment où une vague s’écrase contre une architecture. Dans son travail, le langage (et la perte du langage) joue un rôle clé dans la navigation des politiques esthétiques, invitant à reconsidérer la manière dont nous nous situons à travers et avec les autres.

Les références à la fluidité, à la liquidité et au suintement sont récurrentes dans l’œuvre de MARLIE MUL, tant dans ses qualités formelles que dans ses thèmes métaphoriques. De ses peintures pliées aux sculptures fac-similés de flaques de pluie, en passant par ses enquêtes sur l’histoire de la fumée de tabac, sa pratique est savamment élaborée tout en conservant un fort caractère DIY. En mai 2017, Marlie Mul a publiquement annulé une exposition solo à la Galerie d’Art Moderne (GoMA) à Glasgow, en raison de circonstances impossibles, ce qui a abouti à une annonce de l’annulation exposée à l’intérieur même des galeries du musée.

ELIF SATANAYA ÖZBAY, née aux Pays-Bas d’origines turques et circassiennes, est une artiste dont les œuvres performatives et de recherche tournent autour de la nostalgie diasporique dans le cadre de l’horreur. Se référant aux mythes circassiens, au divertissement contemporain et au folklore turc, ses pièces partent d’une base autobiographique et évoluent vers des récits fictifs à travers des méthodes de cartographie mentale et de liaison.

Pour décoder les sujets dissimulés dans la technique picturale de MAAIKE SCHOOREL, le public doit adopter une approche plus lente et délibérée du regard — une approche qui laisse de l’espace à la fois à la perception visuelle et à l’imagination. Les titres descriptifs peuvent induire en erreur, car les spectateur·ices sont initialement confronté·es à une illusion d’abstraction, où les formes flottent dans une mêlée de couleurs. Ses peintures nous invitent à rester actifs dans l’acte de regarder et de comprendre, résistant à la gratification immédiate de l’image qui domine nos rencontres quotidiennes avec le matériel visuel. Ce qui émerge de cette contemplation soutenue n’est ni l’immédiateté de l’instantané photographique ni le travail d’une scène restituée. Au contraire, l’œuvre de Schoorel offre un espace pour que ses sujets se révèlent progressivement et soient réinterprétés dans l’esprit des spectateur·ices.

DAMON ZUCCONI utilise fréquemment des logiciels et des scripts personnalisés pour créer ses œuvres. Il s’est engagé dans la programmation informatique depuis 2010, produisant des œuvres généralement accessibles en ligne. Ses créations explorent la vision, la littératie et la reconnaissance de modèles pour rendre manifestes nos expériences perceptuelles.

Par des recherches approfondies en commissariat et en écriture, ELOISE SWEETMAN s’est penchée sur des thèmes tels que l’interaction entre l’ignorance et l’intimité, ainsi que les rôles de l’intuition et de l’émotion dans le commissariat. Actuellement, elle se concentre sur la persistance comme métaphore, abordant chaque exposition comme un site de recherche unique qui alimente des projets ultérieurs. Sweetman apprécie particulièrementdévelopper une compréhension approfondie des œuvres d’art au fil du temps etcollaborer avec des artistes à travers plusieurs expositions. Elle puise son inspiration dans la relation de l’artiste avec le site, les matériaux trouvés ou industriels, et la façon dont ces éléments remettent en question les hiérarchies de la forme.

 

ENG (…) it was the moment between six and seven when every flower—roses, carnations, irises, lilac-glows white, violet, red, deep orange; every flower seems to burn by itself, softly purely in the misty beds and how she loved the grey-white moths spinning in and out, over the cherry pie, over the evening primroses! (Woolf, 1925, p. 13)

This passage from Mrs. Dalloway by Virginia Woolf has captured my attention. The golden hour that lingered in my mind over the years. The image of flowers glowing “white, violet, red, deep orange; every flower seems to burn by itself” intrigues me, as though the present’s intensity drifts a little longer. At this hour, we know the burning surprise in the sky will sink, shifting purples to blues, into the inky blacks of night.

Like a sunset, the exhibition Every Flower Seems To Burn By Itself momentarily suspends time. Each artwork slowly burns and blossoms in its own heat like Woolf’s flowers: vibrant, full and lingering before disappearing into the rhythms of daily life once more. By curating artworks by (in order of appearance) Maaike Schoorel, Tanatachi Bandasak, Marlie Mul, Jason Hendrik Hansma, Elif Satanaya Özbay and Damon Zucconi, I aim to evoke the sensation of time stretching out, pulling your viewing experience along, like spun sugar candy elongating into delicate, airy threads.

By creating such an experience, I hope you’ll return to each work and see more than you initially presumed to see. Most of us have heard the phrase ‘take time to smell the roses’ throughout our lives—a cliché, perhaps, but for good reason. When we pause and dilly-dally away from our regimented agendas, we’re often surprised that the sweet scent inspires us to look more closely at what surrounds us. Taking (or sculpting?) time means giving time. During times of crisis, as societies worldwide confront challenges across many facets of life, attentiveness and reflection become more essential, not less.

Every Flower Seems To Burn By Itself invites taking a moment to pause, to remain in place for a while. The exhibition is composed to change in texture and light as you move in and out of the artworks. Each work burns slowly from within, generating an internal heat that radiates outward, lingering before finally dissipating against your cheek as you step back outside.

Maaike Schoorel’s minimalist painting Lily in the Kitchen (2016), for example, initially appears as a dying fire, flickering at its outer edges. As you are drawn in (again and again), the work reveals more of itself to you, until you think you know what you are seeing, only to forget what you thought you saw. Working with reference images taken on trips or provided by others, Schoorel’s paintings seem to pour off the canvas, as if reaching out to join us in the space where the work is exhibited. One might assume that paintings like hers require quiet, still attention but speaking about and walking past her works allows you to enter the space of the reference image. Each time I have stood before her work and discussed it with an audience member, sooner or later a glimmer appears in their eyes, when they notice something they hadn’t before.

Schoorel’s painting is presented alongside the wash of the words in Tanatchai Bandasak’s Untitled (a flower of extraordinary size) (2021), which, from afar, appears as nothing more than a stain. It’s easy to walk past, unaware of its presence, but for those curious enough to approach, the work gradually reveals itself—a text stained with spoiled wine, pungent and fading. The text describes the Rafflesia, a parasitic flowering plant native to Southeast Asia. Rootless, it relies on the systems of other plants to survive. Its flower—the only visible part of the plant—is the largest in the world and smells of rotting flesh. Bandasak’s practice draws from daily life, using found materials to create works that offer the viewer a quiet “turning the corner” moment, where something hidden unexpectedly reveals itself.

Returning to the main exhibition space, you’ll encounter the dankness of Marlie Mul’s Puddles (2014). Puddles of resin, asphalt, plastic and stones that resemble oil slicks or pools of rain in an empty parking lot. Or, as I read them, as sculptural sludge melting away from an artwork’s internal heat while our focus was elsewhere. To fully engage with Puddles, we must kneel or crouch, looking a little harder and longer. I expect that when you leave the exhibition, you will notice puddles on the street, wet cigarette butts burnt down to the filter anew, and Mul’s work will likely return to you. This work should evaporate, but it will probably live with us, like a memory, smoke blown away into the air.

As you move through the spaces of Les Bains-Douches, you may notice other works I have not yet described. One such work is Something About A Double-Edged Sword (2023) by Elif Satanaya Özbay. Drawing from memories, popular culture and Circassian folklore—particularly the myth of the goddess of War, Nart Sane—Özbay’s performance began before we entered the space and continues after we have left. There is a sense that we should understand what is happening, and the characters seem intent on encouraging involvement, implicating us in the narrative. By creating a feeling of repetition, Özbay encourages us to pause and question what we just heard. Her practice extends to finding objects, materials and notes to set the stage. If you look closely as you move through the space, you may notice elements of the performance waiting to be reengaged, ready to be picked up again when the next cycle begins.

As winter nips at our ears and opens the door to the outside, the slowed-down voice of Rhianna fills the room. At the far end, the glowing embers of Jason Hendrik Hansma’s video In Our Real Life (2021) flicker. In response to extreme weather events, the artist gathered footage of tsunamis and wildfires documented by citizens and volunteer firefighters on social media. The video is hypnotic, but unlike the soothing trance of watching a fire at night, the slowed-down version of Rhianna’s Close to You (2016) stretches time, draws you into an altered state of imagination. I paired Hansma’s video with Schoorel’s painting, imagining that, upon returning to the beginning of the exhibition—carrying with you the experience of extended time and the glimmer of discovery in your eyes—you might view the other works anew, approach them a little closer this time, and see something different.

Out on the street, a little past the entrance of Les Bains-Douches, the doors lead down to the basement, where you will find My Attraction May Fade, But I Will Not (2020) by Damon Zucconi, a locked room filled with light and fog. Described as “a kind of sculptural casting”, this work comes as close as one can to sculpting time, evoking the idea that “[n]othing is emptied. Rather, the scent of the incense fills the room, even turns time into space; it thus gives it a semblance of duration” (Han, 2017, p. 57). My Attraction May Fade, But I Will Not draws you in, prompting you to press your nose to the window, trying to get your reflection out the way. Sometimes, all you see is yourself and the street behind. But give it time, as time will tell, such is the experience of the artist’s work.

REFERENCES:

Han, B.-C. (2017). The Scent of Time. John Wiley & Sons.

Woolf, V. (2009). Mrs Dalloway. Oxford University Press.

BIOGRAPHIES:

TANATCHAI BANDASAK forages. He explores sites bearing archaic traces and roams anonymous urban, suburban and industrial spaces. At times, he searches for unusual objects online. His foraging, both in physical and online spaces, is at once intentional and random. In his artistic process, the objects he gathers come to exist in a suspended state, caught between dysfunction, discard, trace and transition. 

JASON HENDRIK HANSMA’s work explores the in-between, the liminal and the nearly articulate. Drawing from a wide range of references and materials, his practice deals with standards—architectural, cultural and physical—while also questioning how works can be made outside of standardized norms. A photograph might take months to create, or an entire exhibition might unfold in ‘transitional spaces’ such as hallways, doorways or windowsills. A hand-stitched curtain slows the pace of an exhibition, providing a soft cut moved by a slight breeze of outside air, or a film focuses on the moment a wave crashes against architecture. In the work, language (and the loss of language) plays a key role in navigating the politics of aesthetics, prompting a reconsideration of how we locate ourselves through and with one another.

References to fluidity, liquidity and oozing recur throughout MARLIE MUL’s work, both in its formal qualities and metaphoric themes. From her folded paintings to facsimile sculptures of rain puddles and inquiries into the history of tobacco smoke, her practice is intricately fabricated while maintaining a strong DIY character. In May 2017, Marlie Mul publicly canceled a solo exhibition at the Gallery of Modern Art (GoMA) in Glasgow, due to unworkable circumstances, resulting in an advertisement of the cancellation displayed inside the galleries of the museum itself.

ELIF SATANAYA ÖZBAY, born in The Netherlands with a Turkish-Circassian background, is an artist whose performance and research-based works revolve around diasporic nostalgia within the framework of horror. Referring Circassian myths, contemporary entertainment and Turkish folklore, her pieces depart from an autobiographical foundation and evolve into fictional narratives through mind mapping and linking methods.

To decode the subjects concealed in MAAIKE SCHOOREL’s brushwork, the audience must adopt a slower, more deliberate approach to looking—one that allows space for both visual perception and imagination. Descriptive titles can mislead, as viewer are initially confronted with an illusion of abstraction, where forms hover in a melée of colors. Schoorel’s paintings ask us to stay present in the act of looking and understanding, resisting the immediate image gratification that dominates our daily encounters with visual material. What emerges through this sustained contemplation is neither the immediacy of the photographic snapshot nor the labor of a restaged scene. Instead, Schoorel’s work offers space for her subjects to gradually reveal themselves and to be reinterpreted in the mind of the beholder.

DAMON ZUCCONI frequently uses custom software and scripts to create his works. He has been engaged with computer programming since 2010, producing works that are typically accessible online. His works engage vision, literacy and pattern recognition to make plain our perceptual experiences. 

Through extensive research in curating and writing, ELOISE SWEETMAN has delved into themes such as the interplay between not knowing and intimacy, as well as the roles of intuition and emotion in curatorship. Currently, she focuses on lingering as a metaphor to approach each exhibition as a unique research site that informs subsequent projects. Sweetman particularly enjoys developing a deep understanding of artworks over time and collaborating with artists across multiple exhibitions. She draws inspiration from the artist’s relationship with the site, found or industrial material, and the ways these elements challenge hierarchies of form.

 
 
NL (…) en alsof het dat ogenblik tussen zes en zeven was, als alle bloemen – rozen, anjers, irissen, seringen – stralen; wit, lila, rood, dieporanje; iedere bloem op zichzelf schijnt te gloeien, zacht, zuiver in de mistige bedden; en wat hield ze van de grijswitte nachtvlinders die heen en weer fladderden over de heliotroop, over de sleutelbloemen! (Woolf, 2014, p. 13)

Deze passage uit Mrs. Dalloway van Virginia Woolf raakte me bijzonder. Al jarenlang hangt het gouden uur in mijn gedachten. Het beeld van bloemen die wit, lila, rood en dieporanje stralen; iedere bloem die op zichzelf schijnt te gloeien intrigeert me, alsof de intensiteit van het moment iets langer wordt vastgehouden. Tijdens dit uur beseffen we dat de brandende verrassing in de hemel langzaam zal zinken, en dat de paarstinten zullen overgaan in diepblauw en uiteindelijk in het inktzwart van de nacht.

Zoals een zonsondergang lijkt de tentoonstelling Every Flower Seems To Burn By Itself de tijd even stil te zetten. Elk kunstwerk gloeit langzaam en bloeit in zijn eigen hitte, net als de bloemen van Woolf: trillend, vol en aanhoudend, voordat ze weer oplossen in de ritmes van het dagelijkse leven. Door kunstwerken te cureren van (in volgorde van verschijning) Maaike Schoorel, Tanatachi Bandasak, Marlie Mul, Jason Hendrik Hansma, Elif Satanaya Özbay en Damon Zucconi, wil ik een gevoel oproepen dat de tijd uitspreidt en de blik meevoert, als gesponnen suiker die zich in tere, luchtige draden uitstrekt.

Door zo’n ervaring te creëren hoop ik dat je naar ieder werk terugkeert en meer ziet dan je in eerste instantie dacht te zien. Het Engelse spreekwoord ‘take time to smell the roses’ (sta stil bij de geur van bloemen) is misschien een cliché, maar niet zonder reden. Wanneer we talmen en onze geordende agenda’s even loslaten, worden we vaak verrast door hoe de zoete geur ons inspireert om meer aandacht te schenken aan de omgeving. Tijd nemen – of tijd vormgeven? – betekent tijd geven. In periodes van crisis, waarin gemeenschappen wereldwijd geconfronteerd worden met uiteenlopende uitdagingen, is aandacht en reflectie niet minder belangrijk, maar juist onmisbaar.

Every Flower Seems To Burn By Itself nodigt je uit om stil te staan, om even op je plek te blijven. De textuur en het licht van de tentoonstelling veranderen terwijl je de kunstwerken betreedt en weer verlaat. Elk werk lijkt langzaam van binnenuit te branden, een innerlijke warmte uit te stralen die naar buiten sijpelt, daar even blijft hangen om uiteindelijk van je wang af te glijden zodra je weer naar buiten stapt.

Het minimalistische schilderij Lily in the Kitchen (2016) van Maaike Schoorel verschijnt in eerste instantie als een stervend vuur, flikkerend aan de uiterste randen. Terwijl het werk je telkens weer naar binnen leidt, onthult het steeds meer van zichzelf. Wanneer je eenmaal denkt te weten wat je ziet, besef je vergeten te zijn wat je in eerste instantie dacht te zien. Schoorel werkt met beeld referenties die ze tijdens reizen maakt of van anderen ontvangt. Haar schilderijen lijken van het canvas af te druipen, alsof ze naar je reiken in de tentoonstellingsruimte. Je zou verwachten dat haar werk vraagt om een rustige, stille vorm van aandacht, maar juist door erover te spreken ontstaat de mogelijkheid het referentiebeeld te betreden. Elke keer dat ik voor haar werk stond en erover sprak verscheen er vroeg of laat een glans in de ogen van het publiek, wanneer hen iets opviel wat ze nog niet eerder hadden gezien.

Het schilderij van Schoorel is gepresenteerd naast Untitled (a flower of extraordinary size) (2021) van Tanatchai Bandasak. Het werk lijkt van ver niet meer dan een vlek en het is makkelijk te overzien, maar voor wie nieuwsgierig genoeg is om dichterbij te komen, onthult het zich geleidelijk. De doordringende en vervagende vlek oude wijn blijkt een delicate tekst te omlijnen die de Rafflesia beschrijft, een parasitaire bloeiende plant afkomstig uit Zuidoost-Azië. Deze wortelloze plant is volledig afhankelijk van andere planten om te overleven. De bloem – het enige zichtbare deel – is de grootste ter wereld en verspreidt de geur van rottend vlees. Bandasaks praktijk put uit het dagelijkse leven en maakt gebruik van gevonden materialen om werken te creëren die de kijker een stil moment van onverwachte ontdekking bieden.

Terug in de hoofd tentoonstellingsruimte tref je de vochtigheid van Marlie Muls Puddles (2014) aan: plassen van hars, asfalt, plastic en stenen die doen denken aan olievlekken of regenplassen op een verlaten parkeerplaats. Of, zoals ik ze interpreteer, sculpturale drab die lijkt weg te smelten door de interne hitte van een kunstwerk terwijl onze aandacht elders was. Om Puddles volledig te ervaren, moeten we knielen of hurken en langer en beter kijken. Ik verwacht dat je, wanneer je de tentoonstelling verlaat, plassen op straat zult opmerken, of natte peuken, opgebrand tot aan het filter. Mul’s werk zal dan ongetwijfeld bij je terug komen. Eigenlijk zou dit werk moeten verdampen, maar waarschijnlijk blijft het hangen – als een herinnering, als rook weggeblazen in de lucht.

Terwijl je door de ruimtes van Les Bains-Douche beweegt, zullen je waarschijnlijk andere werken opvallen die ik nog niet heb beschreven. Eén daarvan is Something About A Double-Edged Sword (2023) van Elif Satanaya Özbay. Geïnspireerd door herinneringen, populaire cultuur en Circassische folklore – met name de mythe van de oorlogsgodin Nart Sane – begon de performance van Özbay voordat we de ruimte betraden en zal doorgaan nadat we weer zijn vertrokken. Het gevoel dat we zouden moeten begrijpen wat gebeurt doemt op; de personages lijken vastberaden om ons te betrekken en onderdeel te maken van het narratief. Door een gevoel van herhaling te creëren, moedigt Özbay ons aan om even stil te staan en te overdenken wat we zojuist hebben waargenomen. Haar praktijk omvat ook het verzamelen van objecten, materialen en notities om de setting vorm te geven. Als je goed oplet terwijl je door de ruimte loopt, zie je misschien elementen van de performance die wachten om opnieuw tot leven te komen, klaar om te worden opgepakt wanneer de volgende cyclus begint.

Terwijl de winter aan onze oren knaagt en de deur naar buiten open gaat, vult de vertraagde stem van Rhianna de ruimte. Aan het einde flikkeren gloeiende sintels in Jason Hendrik Hansma’s video In Our Real Life (2021). Voor dit werk verzamelde de kunstenaar beeldmateriaal op social media: tsunami’s en bosbranden, vastgelegd door burgers en vrijwillige brandweerlieden in reactie op extreme weersverschijnselen. De video is hypnotiserend, maar in tegenstelling tot de kalmerende trance van het kijken naar een nachtelijk vuur, rekt de vertraagde versie van Rhianna’s Close to You (2016) de tijd uit en trekt je mee een veranderde staat van verbeelding in.

Ik heb de video van Hansma gekoppeld aan het schilderij van Schoorel, in de overtuiging dat wanneer je terugkeert naar het begin van de tentoonstelling – met de ervaring van uitgerekte tijd en de glans van ontdekking in je ogen – de andere werken anders voorkomen. Misschien bekijk je deze keer van iets dichterbij en ontdek je iets nieuws.

Op straat, iets voorbij de ingang van Les Bains-Douche, leiden deuren naar de kelder. Daar vind je Lithomatic (2020) van Damon Zucconi, een afgesloten kamer gevuld met licht en mist. Dit werk, beschreven als “een soort sculpturale afgieting”, benadert het idee van het beeldhouwen van tijd. Het roept de gedachte op dat niets leeg is. Of, zoals Byung-Chul Han schreef in The Scent of Time: de geur van wierook vult de ruimte, maakt zelfs van tijd een ruimte; het geeft tijd de schijn van duur (2009, p. 57). Lithomatic nodigt je aan om met je neus tegen het raam te staan, terwijl je probeert de reflectie van jezelf uit het beeld te verdringen. Soms zie je alleen jezelf en de straat erachter. Maar geef het de tijd, want de tijd zal het leren; zo is de ervaring van het werk van de kunstenaar.

Literatuurlijst :

Han, B.-C. (2017). The Scent of Time [De Geur van Tijd]. John Wiley & Sons.

Woolf, V. (2014). Mrs. Dalloway. (Brunt, N, vertaler). De Bezige Bij. (Origineel werk gepubliceerd in 1925).

BIOGRAFIEËN :

TANATCHAI BANDASAK foerageert. Hij verkent plekken met archaïsche sporen en dwaalt door anonieme stedelijke, voorstedelijke en industriële ruimtes. Hij speurt ook online naar ongebruikelijke voorwerpen. Zijn foerageren, zowel in fysieke als digitale ruimtes, is tegelijkertijd doelbewust en willekeurig. In zijn artistieke proces krijgen de voorwerpen die hij verzamelt een zwevende status: gevangen tussen disfunctie, afval, spoor en transitie. 

Het werk van JASON HENDRIK HANSMA verkent tussenruimtes, grensgebieden en het bijna uitgesprokene. Met een breed scala aan referenties en materialen speelt zijn praktijk in op normen – architectonisch, cultureel en fysiek – en bevraagd hoe werken buiten gestandaardiseerde kaders kunnen worden gemaakt. Het kan maanden duren om een foto te maken, en tentoonstellingen kunnen zich kan ontvouwen in ‘overgangsruimtes’ zoals hallen, deuren of vensterbanken. Een met de hand gestikt gordijn vertraagt het tempo van een tentoonstelling en biedt een zachte onderbreking, bewogen door een lichte bries buitenlucht. Of een film concentreert zich op het moment waarop een golf tegen architectuur slaat. In zijn werk speelt taal (en het verlies van taal) een sleutelrol in het navigeren door de politiek van esthetiek, en nodigt uit tot een heroverweging van hoe we onszelf situeren in relatie tot elkaar.

In het werk van MARLIE MUL keren verwijzingen naar vloeibaarheid, liquiditeit en het doorsijpelen voortdurend terug, zowel in de formele kwaliteiten als in de metaforische thema’s ervan. Haar praktijk – van gevouwen schilderijen en facsimile-sculpturen van regenplassen tot onderzoek naar de geschiedenis van tabaksrook – is nauwgezet uitgewerkt, terwijl ze een sterk DIY-karakter behoudt. In mei 2017 annuleerde Mul publiekelijk een solotentoonstelling in de Gallery of Modern Art (GoMA) in Glasgow vanwege onwerkbare omstandigheden. Dit resulteerde in een advertentie van de annulering gepresenteerd in de galerijen van het museum zelf.

ELIF SATANAYA ÖZBAY, geboren in Nederland met een Turks-Cirassische achtergrond, is een kunstenaar wiens performance- en onderzoekswerken draaien om diasporische nostalgie binnen de context van horror. Door te putten uit Circassische mythes, hedendaags entertainment en Turkse folklore vertrekken haar werken vanuit een autobiografisch fundament en ontwikkelen ze zich tot fictieve narratieven via mindmapping en verbindingsmethoden.

Om de onderwerpen die verborgen liggen in het penseelwerk van MAAIKE SCHOOREL te ontcijferen, moet de kijker een langzamere, meer bewuste manier van kijken aannemen, en ruimte geven aan zowel visuele perceptie als verbeelding. Beschrijvende titels kunnen misleidend zijn, omdat de kijker eerst wordt geconfronteerd met de illusie van abstractie, waarin vormen zweven in een melange van kleuren. Schoorels schilderijen nodigen ons uit om aanwezig te blijven in de handelingen van het kijken en begrijpen, en om weerstand te bieden aan de directe beeldbevrediging die onze dagelijkse omgang met visueel materiaal domineert. Wat door deze voortdurende contemplatie naar voren komt is noch de onmiddellijkheid van een fotografisch snapshot, noch de inspanning van een opnieuw geënsceneerd tafereel. In plaats daarvan biedt Schoorels werk ruimte waarin haar onderwerpen zich geleidelijk kunnen openbaren om in de geest van de toeschouwer opnieuw geïnterpreteerd te worden.

Om zijn werken te realiseren DAMON ZUCCONI maakt regelmatig gebruik van custom software en scripts. Sinds 2010 houdt hij zich bezig met computerprogrammering en produceert hij voornamelijk werken die online toegankelijk zijn. Zijn werken spelen in op zicht, geletterdheid en patroonherkenning om onze perceptuele ervaringen inzichtelijk te maken.

ELOISE SWEETMAN heeft zich door uitgebreid onderzoek in cureren en schrijven verdiept in thema’s zoals het samenspel tussen niet-weten en intimiteit, en de rol van intuïtie en emotie binnen curatorschap. Momenteel richt zij zich op “lingering” [blijven hangen, treuzelen] als metafoor om tentoonstellingen te benaderen als unieke onderzoekslocaties die toekomstige projecten voeden. Sweetman houdt er in het bijzonder van om over langere tijd een diepgaand begrip van kunstwerken te ontwikkelen en samen te werken met kunstenaars tijdens meerdere tentoonstellingen. Ze laat zich inspireren door de relatie van de kunstenaar met de locatie, door gevonden of industriële materialen, en door de manier waarop deze elementen hiërarchieën van vorm uitdagen.