Robert Malaval & Vincent Epplay
Les restes du festin et autres peintures d’ambiance
16.09 – 05.11.2017
Après être resté un an à ne rien faire, j’ai fait ces expériences avec le son ; on arrive vraiment à transformer complètement l’ambiance par le son, à rendre les lieux très confortables avec le son et la lumière.
R.M.
Malaval a tout au long de sa vie été attiré et fasciné par le son et la musique – toutes sortes de musiques et de sons.
Pendant une bonne dizaine d’années il a enregistré des sons et conçu des environnements sonores comme des paysages, des espaces de substitution au visuel, en lien avec ses travaux de plasticien.
Plusieurs pistes sont envisageables pour présenter les enregistrements sonores de Robert Malaval (un aspect peu connu et entendu de cet artiste), cela commence par un travail d’écoute, de sélection et de mixage à partir des ambiances, des conversations, des sons d’environnement du quotidien enregistrés à différentes périodes.
La plupart de ces enregistrements faits à l’origine sur magnétophone à bandes ou K7 audio sont des prises directes, brutes – une sorte de journal sonore constitué de captations d’ambiances quotidiennes, de conversations de voisinage, d’archives radiophoniques, de communications téléphoniques, de sons d’environnement, de nature ou de bruits urbains. Cette centaine d’heures d’enregistrements accumulées et répertoriées était pour Robert Malaval un matériau pour des projets d’animations urbanistiques et d’interventions dans l’espace public, ou plus simplement des notes audio pour des travaux d’écriture qu’il appelait “croquis son”.
Ce corpus d’enregistrements devient alors pour cette exposition le matériau constitutif d’un dispositif d’ambiance, inscrit dans un espace de diffusion et de projection sonore et visuelle permanent. C’est dans le cadre de plusieurs expositions que cette rencontre entre Vincent Epplay & Robert Malaval s’est développée : Palais de Tokyo et Biennale de Lyon ; I am the Cliché, aux Rencontres Photographiques d’Arles ou lors de l’exposition Le temps de l’écoute au Centre d’Art de la Villa Arson à Nice. Ces propositions sont à chaque fois des temps de restitutions d’une expérience de transmission d’une conversation entre deux artistes. De ce flux sonore est né un dialogue spatio-temporel, révélateur d’une étrange archéologie de sons et de voix.
Il ne s’agit pas là de faire un travail documentaire par la simple diffusion d’archives ou de reconstituer un espace d’animation sons et lumières, tels que Robert Malaval les avait conçus, notamment pour le CNAC (exposition Transat, campagne, Rock&Roll) ou, à l’occasion de l’inauguration du Forum des Halles en 1979, du festival Sigma dans les années 70, etc. Il s’agit plutôt de réévaluer l’ensemble de ses travaux d’enregistrement dans ce qu’ils ont de présents, de signifiants, par le jeu de la retranscription et d’une interprétation subjective d’un artiste.
Cette remise en situation dans différents contextes, loin des effluves sonores et des utopies de cette époque serait comme la réactivation d’un dialogue à distance entre cette époque particulière et un présent qui reste à imaginer.
V.E – 2017